Dans le monde vibrant de l’art contemporain, posons-nous la question : est-il possible pour les personnes sourdes de réussir dans le monde entendant ? Au travers d’entretiens avec Lauren Ridloff, Nyle DiMarco et Christine Sun Kim, alias CK, nous nous penchons sur le sujet et explorons le monde de l’art sourd à Clin d’Oeil.
Lauren Ridloff nous explique comment sa carrière a pris un tournant inattendu. Au départ, elle voulait écrire un livre, sans jamais imaginer une carrière d’actrice, sans jamais penser à faire des films. « Je pensais que c’était impossible », admet-elle. Faisant partie à la fois de la communauté des sourds et de celle des BIPOC (en anglais « Black, indigenous and people of color », en français : « Personnes autochtones, noires et de couleur »), elle avait l’impression de n’avoir aucune chance. Cependant, une rencontre fortuite avec un metteur en scène de Broadway désireux de comprendre la vie d’une personne sourde a tout changé.
Après quelques rencontres, le metteur en scène lui propose un rôle à Broadway. « J’ai été surprise, et c’est arrivé si vite », se souvient-elle. Alors que de nombreuses personnes se heurtent à des obstacles, Lauren Ridloff attribue son succès à la chance et à la volonté de saisir les opportunités sans crainte.
« Je pense qu’il est important que les artistes sourds se soutiennent mutuellement, sans être individualistes », dit-elle. « Il est essentiel d’encourager la collaboration et le soutien mutuel au sein de la communauté sourde. Il y a beaucoup d’espace pour d’autres voix et d’autres points de vue, et se soutenir mutuellement est bénéfique pour tout le monde ».
Nyle DiMarco évoque son parcours, depuis ses études à l’université Gallaudet jusqu’à sa participation aux émissions America’s Next Top Model (ANTM) et Dancing with the Stars (Danse avec les stars). D’abord sceptique à l’égard de ces opportunités, il a décidé de tenter sa chance après avoir été sollicité à plusieurs reprises. « J’ai eu de la chance », s’exclame-t-il en repensant à son expérience.
La collaboration avec les personnes entendantes implique un équilibre des visions, ce qui nécessite une compréhension mutuelle et des compromis. « Nos visions doivent toujours être prises en compte », déclare-t-il, soulignant la nécessité pour les ponts de vue des sourds et des entendants de coexister et de s’enrichir mutuellement.
Une autre histoire inspirante est celle de CK qui a commencé à travailler avec le son. « L’un des principaux facteurs de ma réussite est que j’ai travaillé avec le son avant de travailler avec la peinture », explique l’artiste. À l’époque, son travail n’était ni reconnu ni soutenu financièrement.
La fascination des entendants pour la relation que les sourds peuvent avoir avec le son lui a ouvert de nombreuses portes. Mais elle a aussi suscité de la méfiance et beaucoup de questions. Les gens s’interrogent sur leur identité : « Tu es sourd mais tu travailles avec le son, donc tu dois pouvoir entendre un peu » ou « Tu dois pouvoir parler un peu ». Cette remise en question de leur identité a été un véritable défi.
Les histoires de ces artistes montre que le parcours d’une personne sourde dans le monde de l’art en général peut être complexe mais aussi aboutir au succès, à la reconnaissance. Qu’il s’agisse de travailler avec le son ou de percer à Broadway et à Hollywood, la persévérance, le soutien et la volonté de saisir les opportunités qui s’offrent à eux sont primordiaux. Alors que la communauté artistique sourde continue de se développer et de gagner en visibilité, il est essentiel de favoriser les collaborations, les échanges pour pouvoir s’améliorer, évoluer, afin de garantir que davantage de personnes sourdes soient vues et célébrées.